Hugues de Payns est depuis vingt-cinq ans le sujet de prédilection de Thierry Leroy qui a intensifié ses recherches ces dix dernières années
L'ouvrage de Thierry Leroy réserve plusieurs surprises
De quoi réjouir tous ceux qui s'intéressent à l'histoire médiévale, âge d'or de Troyes et de la Champagne méridionale : Thierry Leroy vient de publier un nouveau livre sur Hugues de Payns, objet de ses recherches depuis vingt-cinq ans. Le chevalier champenois qui fonda en 1119, à Jérusalem, les Pauvres Chevaliers de Christ est comme un vieux compagnon de route de l'auteur.
Thèse en chantier
C'est pour Hugues de Payns que Thierry Leroy, musicologue, s'est progressivement tourné vers l'histoire au point de se réinscrire à l'université, de soutenir un master et d'entamer une thèse. Ses premières recherches, il les a publiées en 1996, complétées et rééditées en 2001 puis 2004. Il livre aujourd'hui une étude complètement renouvelée, résultant du travail accompli ces dix dernières années.
Quand Thierry Leroy a commencé à publier sur Hugues de Payns, il partait de loin. Depuis les travaux de l'abbé Pétel au début du XXe siècle, le fondateur des Templiers était oublié des Aubois mais récupéré de ci, de là. Même si les origines champenoises sont désormais attestées, Thierry Leroy n'en continue pas moins à devoir enfourcher son cheval de bataille pour contrer la thèse d'une origine transalpine de Hugues de Payns, encore évoquée en 2007 par une universitaire italienne, Simonetta Cerrini. Le nouveau livre de Thierry Leroy enrichit considérablement ce qu'on savait sur le fondateur des templiers. La relecture des cartulaires et des chartes, ses travaux de généalogie et de toponymie, le croisement de toutes les connaissances et des informations qu'il a accumulées depuis près de trente ans, lui permettent désormais d'élaborer une biographie de Hugues de Payns, au lieu du puzzle dont bien des fragments étaient inconnus ou hypothétiques.
Moine à Molesme
Le fondateur des templiers aurait grandi à Montigny (aujourd'hui Montigny-les-Lagesse, près de Chaource), fief principal de son grand-père puis de son père. Ainsi dans la première partie de sa vie, on l'appelait Hugues de Montigny. « Puis, il devient moine pendant deux ans, à l'abbaye de Molesme où séjourne régulièrement un autre Hugues, comte de Champagne celui-là. C'est ensuite qu'Hugues de Montigny, devient Hugues de Payns, en héritant du fief du même nom, dont Hugues de Champagne va faire l'une des places fortes destinées à défendre Troyes », souligne l'historien qui, par ailleurs, démontre les liens étroits qui unissaient le fondateur des templiers, véritable lettré, et le comte de Champagne, dont il met en lumière, avec de nouveaux arguments, l'implication directe et capitale dans la création de l'Ordre du Temple où il entra en 1 125.
La généalogie l'a en outre amené à mieux cerner la descendance de Hugues de Payns. Il a un « scoop », grâce à une charte retrouvée dans le fonds de l'abbaye troyenne de Notre-Dame-aux-Nonnains : « Guy Bordel qu'on a longtemps cru être le gendre de Hugues de Payns, était en réalité son fils aîné. » Son livre est également riche de nouveaux éléments, pour faire valoir que Hugues de Payns fonda une commanderie dans son fief, et qu'elle aura probablement été la première d'Occident.